Séjour au Panama

Panama City est une ville très américaine, avec des mots anglais partout. D’immenses immeubles et des centres commerciaux gigantesques les un contre les autres comme nous n’en avions jamais vu, avec des zones de restaurations rapides type Mac Donald, KFC… en tout une trentaine de restaurant rassemblés reproduis trois fois dans le même centre commercial et toujours gavés de monde. Dans les supermarchés, des rayons entiers de sauces, de plats tout prêts assez abordables contrairement aux fruits, légumes et produits laitiers qui sont hors de prix.

Nous sommes dimanche, les bureaux du port de Colon étant fermés, nous irons lundi matin pour récupérer Capucin.

Panama est l’entrée du canal, coté Pacifique, Colon est l’entrée Mer des Caraïbes, Atlantique. 80 km séparent ces deux villes.

Lundi matin, à la première heure, nous nous rendons, en bus, à Colon plus précisément au Port Cristobal où une journée de démarche nous y attend.

Colon est une véritable ville en décomposition où il est déconseillé de s’y promener, même le jour, naît dans la deuxième moitié du XIX siècle, son origine est dû à la construction du chemin de fer qui traverse le Panama mais son réel développement commence avec les travaux du canal en 1880. Colon possède la deuxième plus grande Zone libre au monde, après Hong Kong, c’est à dire un énorme centre de distribution de 400 ha, où arrive une très grande quantités de marchandises des pays producteurs et, combinés avec d’autres marchandises, sont réexpédies partout dans le monde grâce à la proximité du canal.

Il est 9h00, quand nous arrivons à la Société de transport Seaboard qui nous édite le Bill Of Lading (BOL), document indispensable pour la sortie du véhicule. Avant tout, nous devons nous acquitter de la somme de 2500 dollars à la banque, dans le bâtiment voisin, correspondant aux frais de transport de 61 dollars du m3. Revenir à Seaboard, récupérer le BOL, prendre une assurance obligatoire en dehors du port et prendre un taxi pour les douanes, à 5 km de là. Retour à Seaboard, qui nous remet la facture du port, d’un montant de 294 dollars, que nous devons régler après être passer dans trois bureaux différents où chacun nous tamponnera le BOL.

Nous laissons les enfants et nos affaires dans les bureaux de Seaboard, et partons tous les deux dans l’enceinte du port, avec tous nos papiers. Après plusieurs contrôles, nous prenons un bus jusqu’à un autre bureau de douane, après leur accord, une voiture nous conduit, enfin, vers Capucin que nous retrouvons intact sur son Flat Rack. Mais guidé par trois branleurs, nous réussissons à arracher le marche pied. Après un dernier bureau des douanes, nous sortons facilement et seul du port, sans passer par la fumigation (que nous avions pourtant payer). Nous récupérons les garçons qui, comme nous, sont content de retrouver notre petite maison après 12 jours.

Direction Portobélo, où nous devions débarquer avec le voilier, et espérons revoir le capitaine, qui nous a promis de nous rendre 150 dollars, mais malheureusement le bateau n’est pas arrivé. Nous décidons de ne pas attendre et partons visiter les écluses de Gatun qui comportent trois étapes pour une longueur totale de 1,9 km et ramènent les navires au niveau de l’océan Atlantique. Le canal comporte trois séries d’écluses Gatun, Pedro Miguel et Miraflores, car rejoindre directement les deux océans était impossible à cause du massif de la Culebra qui comporte différentes couches géologiques ne permettant pas la stabilité du canal.

C’est en 1881 que débutèrent les travaux de construction dirigés par le français Ferdinant de Lesseps. Mais plusieurs difficultés sont rencontrées : maladies, accidents de terrain et surtout un tremblement de terre en 1882. Malheureusement, en 1888, éclate le scandale du Panama et c’est la fin du « canal français ». En 1903, suite à l’indépendance du Panama, un pacte est signé avec les Etats Unis qui s’engage à terminer les travaux, accomplissant l’œuvre le 15 aout 1914 et l’administration jusqu’ à 1999. Depuis le 31 décembre 1999, Panama gère les fonctions opérationnelles, d’administration et d’entretien du canal. Il possède également deux lacs artificiels d’eau douce les lacs Gatun et Alajuela, permettant le fonctionnement des écluses car chacune d’elles se remplissent ou se vident de 100 000 m3 d’eau douce au passage de chaque navire. Chaque écluse est double permettant le passage de deux bateaux à la fois, 12 heures sont nécessaire pour traverser le canal et le tarif du plus à été de 330 000 euros et un catamaran de 13 mètres paiera 1500 euros. Les écluses actuelles mesurent 33,50 mètres de large sur 305 mètres de long. Des bateaux de 32,50 y passent guidés par des mules (petites locomotives) évitant ainsi de toucher les bords. Actuellement, des travaux sont en court pour de nouvelles écluses à simple voix pour permettre à de plus gros bateaux de passer. Elles feront 55 mètres de large et 427 mètres de long. Aujourd’hui les bateaux ne pouvant passer par les écluses, c‘est le train porte containers qui fait la liaison entre les deux océans.

Non loin de l’écluse, nous passerons deux nuits à la marina Shelter Bay, où nous rencontrons Michel et Nathalie et leur ami Thierry qui sont venus mettre leur catamaran en gardiennage pour 6 mois. Ils voyagent ainsi 6 mois à Toulouse pour travailler et 6 mois sur les mers. Nous visitons leur superbe catamaran « TAO » et leur racontons notre aventure en voilier et comprenons que nous avons eu à faire à un très mauvais navigateur. Et qui reste monnaies courante dans le domaine. Nous passerons un bon moment avec eux jusqu’à leur départ pour l’aéroport.

Vendredi 13 septembre, retour à Portobélo où nous retrouvons enfin le capitaine et qui, bien évidemment, n’a pas d’argent sur lui mais nous promet un virement via Western Union. A voir…

Après notre départ, ils auront mis 5 jours pour rejoindre le port uniquement à la voile, le moteur n’ayant jamais redémarré, de plus une batterie neuve a été fondue ainsi qu’un démarreur dû à une erreur de voltage 12 V – 24 V.

Retour à Panama City pour la visite des écluses de Miraflores et devons attendre jusqu’à lundi pour pouvoir remplir notre bouteille de gaz argentine à l’usine Panagaz qui se trouve sur la Transismica entre Panama et Colon. Nous bivouaquons 3 nuits à la marina Bilboa Yach Club en compagnie d’autres voyageurs en l’occurrence Gauthier (français) qui pour voyager travaille principalement aux feux rouges jonglant sur son monocycle qui lui rapporte tout de même 1500 dollars par mois, faut dire qu’il est doué, Shanti (belge) son mari Matu (Argentin) et leur fille Zaina (5 ans, née en Equateur), depuis 8 ans, leur vie c’est le voyage, lui de petits boulots en petits boulots, elle confectionne, avec beaucoup d’ingéniosité, toutes sortes d’objets qu’elle revend : tee shirt, cartes postales, un livre sur leur périple, et sont pas mal aidés par les gens qui peuvent lire à l’arrière de leur camion « Venimos de Patagonia, Queremos llegar a mexico, nos ayuda con 5 lts diesel o un plato de comida por favor » (nous venons de Patagonie et souhaitons aller au Mexique, aidez nous avec 5 litres de Diesel ou une assiette de nourriture s’il vous plait) et ça marche !!!

Nous longeons la côte Pacifique sur 550 km, et constatons qu’il est difficile d’y bivouaquer car, comme au Brésil, tout est privé et énormément bétonnés sans charme. Mais parvenons tout de même à en trouver.

Nous partons ensuite vers Boquete, petit village tranquille situé à 1600 mètres d’altitude, pour visiter le Parc National Volcan Baru, mais les 15 derniers kilomètres se transforment en un chemin praticable qu’en 4X4 et très pentu. Nous nous consolerons en passant une nuit au frais et le lendemain prenons la route en direction de la frontière.

Le samedi 21 septembre, nous quittons le Panama pour le Costa Rica et, pour la première fois, nous payons un droit de sorti du pays de 12 dollars. Nous attendons encore le remboursement du voilier…

Quelques chiffres :

Le Panama est 8 fois plus petit que la France.

La monnaie officielle est le Balboa mais c’est le dollars (avec la même valeur) qui domine. 1 euro = 1,30 dollars.

Le litre du gasoil est à 0,79 euros.

Nous avons effectué 1500 km en 15 jours.

Voilà maintenant un an que nous avons quitté la France et sommes à 52 tampons sur nos passeports, un budget moyen de 1200 euros par mois tout compris (gasoil, nourritures, visites, voilier, entretien de Capucin, péages,…) avec un bilan très positif même si, parfois, l’idée de rentrer nous a traversé l’esprit, surtout pour les enfants.

En raison des cours du CNED payants pour Rémy, nous ne passerons pas par eux cette année, nous téléchargeons, sur le site de l’académie, les cours de 5ème de 2010, bien évidemment, il ne sera ni noté, ni suivi, mais au vu du sérieux de son travail, nous ne nous faisons aucun soucis pour lui. Bizarrement, pour Hugo, les cours sont gratuits et il continuera donc avec le CNED. Renseignements pris à l’académie, étant à l’étranger, nous ne sommes pas soumis à l’enseignement obligatoire.

Au vu de notre avancé, nous devrions être en décembre au Mexique et en mars aux Etats Unis et avons pris la décision de rentrer mi aout 2014, pour la rentrée scolaire 2014/2015. Il nous reste donc à peine 11 mois, pour aller jusqu’au bout de nos rêves. Nous tenons également à remercier tous ceux qui nous suivent depuis le début et apprécions énormément vos commentaires.