Destination Afrique Australe
28 Août 2013
Le 5 aout, nous quittons l’Equateur en passant par Tulcan où nous faisons une dernière halte par son cimetière, plutôt étonnant, avec ses centaines de cyprès, plantés en 1936, merveilleusement bien taillé en forme d’animaux, de visages et d’arcades.
A 20 km de là, c’est la frontière, particulièrement stressante, non pour l’administratif, qui se passe sans encombre, mais plus pour son ambiance extérieure, avec des voitures et camions dans tous les sens, beaucoup de badauds, de personnes pour aider au stationnement et d’autres proposant du change (attention aux faux billets). C’est dans ces moments là que nous aimerions nous faire petit, mais malheureusement, comme d’habitude, tous les regards se posent sur nous d’autant plus quand Stéphane, à la manœuvre, percute une 4L (plus que pourrie) enfonçant une portière. Autant dire que son propriétaire ne tarde pas à venir et nous demande 20 dollars pour la réparation et la peinture. Après négociation et l’intervention de la police, nous lui proposons 10 dollars, à prendre ou à laisser, qu’il acceptera une heure après, le temps pour nous de faire les papiers d’entrée de Capucin en Colombie. Un des douaniers nous déconseille fortement de rouler de nuit ainsi que certains lieux à éviter, sur la route, nous constaterons une forte présence militaire.
Le taux de change est de 1 euros = 2500 pesos colombien ce qui, comme au Paraguay, se traduit par des billets surprenants comme 50 000 pesos correspondant à 20 euros.
Le gasoil, toujours en galons, coûtent en moyenne 0,85 centimes d’euros le litre.
Les motards (nombreux mais pas plus de 250 cm3 ) ont l’immatriculation sur le casque et dans le dos (conducteur, passager) en plus de leur moto,
Notre première nuit, se fera à 20 km de la frontière, sur le parking du Sanctuaire de Nuestra Senora de Las Lajas, lieu de culte très prisé des colombiens, surtout durant la semaine sainte, comparable à Lourdes.
Le lendemain, direction Popayan, à 346 km de là, il nous aura fallu 8 h de route car ici non seulement ça monte et ça descend, mais en plus, des travaux en permanence et surtout énormément de camions vieux et lents.
Au centre de la ville, nous effectuons quelques courses et sommes abordés par Carlos Arturo qui, vu l’heure tardive, nous propose de stationner devant chez lui, dans un quartier résidentiel, gardé 24/24. Arrivé chez lui, il nous présente sa femme, sa fille, ses 4 chiens et sa grande et belle maison. L’accueil est chaleureux, sa générosité gênante car pendant les trois jours que nous resterons chez eux, nous vivons au frais de la princesse, ils nous ferons découvrir la cuisine colombienne comme les arepas (galettes de farine de maïs), les bananes plantains (qui ne se mangent que cuits et n’ont pas vraiment le goût de bananes) cuisinés de différentes manières : rissolés à la poêle ou frit dans l’huile et de nombreuses autres spécialités dont nous avons, malheureusement, oubliés les noms, avec des jus de fruits extraordinaires, la dégustation de fruits succulents.
Carlos, passionné de vieilles voitures et de mécanique, nous fait remarquer la défaillance d’un silentbloc d’arbre de transmission de Capucin ainsi qu’une fuite au pond arrière (à surveillé). La pièce, ici, est inexistante mais en Colombie tout est possible, nous garderons le support d’origine, achèterons un roulement neuf et rencontrons, grâce à Carlos, une personne exceptionnelle qui avec un pneu usagé de camion, nous confectionnera un silentbloc aussi bien, si ce n’est mieux, que l’origine. Le travail de cet homme est remarquable. Carlos nous fait remarqué qu’ici tout se répare alors qu’en France, cette pièce aurait été jetée.
Nos hôtes nous font visités la ville et nous raconte son histoire qui commence en 1537, et était, à cette époque, la capitale de la Gran Calombia (actuellement Vénézuela, Colombie, Panama et Equateur) mais a subit un énorme tremblement de terre en 1983.
C’est aussi une ville très religieuse où durant la semaine sainte, de grandes processions défilent dans les rues et attirent de nombreux fidèles. Elle est également surnommée « Ville blanche de Colombie » à cause de ses maisons aux murs peints à la chaux.
A notre grand regret, nous ne pourrons pas visiter le parc Puracé (l’un des plus beau du pays) à coté de Popayan, car des « Paros » (manifestations) sont annoncés. Le dernier ayant duré un mois, nous préférons partir. Nous quittons Carlos et Nora (sa femme) avec les larmes aux yeux, en espérant les revoir en France.
Nous prenons donc la direction de la lagune Calima, qui se trouve à 320 km au nord de Popayan, agréable mais sans plus avec énormément de monde le week end. Ce sera surtout le point de rencontre de nos amis de Millau, que nous avions rencontré quelques mois avant notre départ avec deux autres familles (qui ont déjà terminés leur voyage). Pierre, Virginie, Théo et Vatéa étaient accompagnés d’une autre famille Gaël, Audrey et Jules, faisant plus ou moins route ensemble et ayant effectués le parcourt que nous allons faire (l’Amérique du nord et centrale). Nous passerons deux jours agréables à échanger nos infos et discuter de tout et de rien. Cela fait du bien.
En direction de Bogota (capitale du pays), nous visitons une finca (propriété) « El Agrado » qui est une exploitation agricole spécialisée dans le café. Le propriétaire nous reçois gracieusement et nous explique le cheminement du café, de la germination des graines à la pousse qui devient arbuste et qui pendant 4 ans donnera des fruits non stop et sera ensuite coupé à la base (20 cm du sol) afin de lui redonner nouvelle jeunesse et ainsi de suite. Les fruits récoltés, sont lavés après leur avoir retiré leur première enveloppe, ils seront ensuite séchés dans un four pendant 16 heures, ce qui les réduira de moitié, pour ensuite retirer la deuxième peau avant la torréfaction. Chose étonnante, aucune odeur de café ne se dégage du fruit avant la torréfaction. Le processus est quasi identique à celui du cacao pour le chocolat.
Nous apprenons par le propriétaire que le « paro » n’a pas eu lieu le jour de notre départ de Popayan mais finalement sera mis en place le 19 aout.
Nous évitons le Parc National du Café, où arriver à ses abords, nous constatons qu’il s’agit, ni plus ni moins, d’un parc d’attraction, ce qui ne nous intéresse pas et nous nous dirigeons vers Zipaquira, situé à 2659 mètres d’altitude, et sa cathédrale de sel qui est construite à l’intérieur de la mine de sel à 180 mètres sous terre. Sa construction débuta en 1991 et terminé en 1995. A l’intérieur, se trouve des sculptures en sel et en marbres. Aujourd’hui, sont célébrés des mariages et surtout des messes lors de la semaine saintes.
Pour faciliter la visite de Bogota, éviter les galères et les énervements (ou prises de tête) avec Capucin, nous prenons de Zipaquira un bus qui nous mène à la banlieue de Bogota puis un autre bus pour le centre historique. Située à 2640 mètres d’altitude, c’est la troisième plus haute capitale après la Paz et Quito, avec ses 8 millions d’habitants, elle s'étend sur 33 km du nord au sud, et sur 16 km d'est en ouest. Nous visiterons (chose plutôt inhabituelle) deux musée : celui de l’or et le militaire. Nous flânerons aussi quelques heures dans des rues extrêmement animées, d’autant plus que la ville fête ses 475 ans, ce qui nous vaudra la fermeture de certaines rues menant a des lieux touristiques incontournables. Dommage.
Nous continuons notre route vers le nord, par (d’après notre guide) la plus belle route du pays qui traverse le Canion del Chicamocha qui s’est formé il y a environ 46 millions d’années et s'étend sur 108.000 hectares et 2000 mètres de profondeur. Chicamocha signifie en muisca « fils d’argent ». Il est plutôt pas mal et se situe dans le parc national du même nom. L’intérêt, pour nous, des parcs nationaux est de pouvoir bivouaquer et randonner en pleine nature, erreur l’entrée du parc gâche la nature et c’est plutôt un parc d’attraction avec son téléphérique et ses immenses infrastructures multicolores.
Nous passerons notre chemin pour finir, tard dans la soirée, sur le parking d’une station service comme d’habitude payant.
Nous quittons définitivement la cordillère des Andes, et sa fraicheur, pour rejoindre la mer des caraïbes et le « volcan de boue » El Tesoro, qui n’est autre qu’un trou boueux formé par l’expulsion de gaz et de boue chargé en pétrole et en soufre aux vertus dermatologiques reconnus. Nous y passerons presque deux heures seuls, à patauger, sauter et se relaxer. Les mouvements sont difficiles et sans l’aide des cordes il serait difficile d’avancer, on ne s’y enfonce pas et les sensations sont uniques et agréables. Après ça, la douche est indispensable et bienvenue. Le lieu se trouve dans un endroit paisible, accompagnés de musique colombienne, nous passerons finalement la journée en compagnie de gens fort sympathiques.
Nous bivouaquerons ensuite à Playa Blanca, première baignade dans la mer des caraïbes dans une eau turquoise à 31°, c’est un régal.
Nous prenons maintenant la direction de Cartagène où notre défi est le passage en cargo pour Capucin au Panama, apparemment long et fastidieux, pouvant prendre quelques jours à quelques semaines, car aucunes routes n’existent entre ces deux pays. Pour nous se sera soit l’avion, soit 5 jours de voilier pour un prix équivalent, à voir…